Le seigneur et le cartulaire de Rousies en 1608
Charles de CROY nait à Beaumont le premier juillet 1560. Il
est fils de Philippe, troisième duc d'Arschot, et de Jeanne,
dame de Comines et de Halluin, héritier d'une grande famille
des Pays-Bas espagnols. Les villes et villages sous son
autorité sont peints à la gouache sur de petits
tableaux par Adrien de Montigny, un miniaturiste de Valenciennes. Ce
dernier relève à l'encre sur du papier des dessins
sommaires qu'il peint ensuite à la mauvaise saison.
Le 3 septembre 1580, Charles épousa la veuve de Lancelot de
Berlaymont, Marie de Brimeu, une riche héritière
picarde, puis en décembre 1605 sa cousine germaine,
Dorothée de Croÿ, fille aînée du duc
d'Havré.
A la mort de son père en 1595, il se trouva en possession
de tous les domaines de la maison de Croÿ dont il entreprend de
faire l'inventaire. A la principauté de Chimay reçue
lors de son mariage en 1580, au patrimoine de la maison de
Comines-Halluin dont il hérita au décès de sa
mère en 1581 vinrent s'ajouter le duché d'Arschot, la
principauté de Château-Porcien, les comtés de
Beaumont et de Seninghem, les seigneuries d'Avesnes, Lillers,
Quiévrain, Esclaibes, Beveren, les franches terres de Fumay et
Revin, etc. Il régna sur ces domaines comme un prince sur ses
Etats.
Le cartulaire de Rousies fut renouvelé le 6 juillet 1608.
Voici la première page de ce document :
" Le village de Rousies est situé et assis sur le pays et
Comté de Hainaut, sur le chemin allant de la ville de Beaumont
en la ville de Maubeuge distant de trois lieues et demy de la dite
ville de Beaumont et d'une demy lieue de la ditte ville de Maubeuge,
partie en un fond, et l'autre en pente y ayant une église
paroissiale à clocher, étant le dit village
commandé d'une montagne du côté de la susditte
ville de Beaumont nommée la gripette, et d'une autre du
côté de Maubeuge appelée les Cauces, auquel lieu
passe une rivière qui prend sa source et origine de Solre le
Château, faisant travailler le moulin du dit Rousies où
elle prend le nom de rivière de Solre, allant de là
tomber et se rendre en la rivière de Sambre proche le
château de Hasvens où elle vient à perdre son
nom, ayant iceluy village toujours été tenus et
réputé de la terre et Comté de Beaumont de temps
immémorial, sans en avoir jamais été
séparé n'y distrait en manière aucune notamment
depuis l'érection d'icelle et toujours appartenir à la
très illustre maison de Croy comme mouvant de la dite
comté et successivement venus de père en fils, et de
degrés en degrés, à la succession d'ycelle
jusque à Monseigneur le duc (Charles) de Croy et d'Arsehot
comté dudit Beaumont moderne lequel y a toutes justices et
seigneuries hautes, moyennes et basses. Etant à son Excellence
parvenue par le trépas de feu haut et illustre prince
Monseigneur Philippe Sire de Croy, troisième duc d'Arsehot
son bon seigneur et père à la succession de la
très illustre maison de Croy, et à être chef du
nom des armes d'icelle et venante d'icelle faire sa joyeuse
entrée et prendre possession en la dite comté, tous les
sujets du dit Rousies en armes le furent accueillir en une campagne
proche laTrouillerie d'où elle le reconduire en la dite ville
de Beaumont avec joie et allégresse de tout son train fort
honorable et autres noblesses qui l'accompagnaient à la dite
joyeuse entrée à laquelle Luy furent
présenté pour congratulation et reconnaissance par tous
les sujets de la dite communauté le nombre de deux cens
doubles ducats mais du contingent et repartissement du dit Rousies,
n'y de tous autres dons faits à son excellence du depuis
jusqu' à maintenant yceux n'en ont put répondre,
d'autant que toutes leurs quittances sont été mises en
mains du sieur gouverneur de Beaumont, à son commandement
depuis environ un an, regardant la joyeuse entrée de Madame en
ladite ville de Beaumont tous les sujets du dit Rousies lui firent
les mêmes honneurs et recueilles qu'a été fait
à l'entrée de son excellence cy devant s'y fut aussy
congratulée d'une honnête somme de deniers, à
causes de quoy les manans du dit Rousies affirmèrent
payés la somme de CLX livres. "
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